Mémoire du Fleuve
L'eau, la palourde et l'Aulne - English version

Parcours - Au laboratoire - In Situ - Diagnostic sensible - Trans-formative


Connaître par le corps engagé : suivre le fil du Fleuve <


Le bassin versant du Fleuve Aulne couvre 1890 km2. Son parcours se fait par segments de 5-10 km, de la source à l’embouchure, à l’instar d’autres parcours réalisés sur le Gouët et le Trieux (Voir ici).
La prise de vue exige de marcher (ou naviguer) plusieurs dizaines de mètres à l’amont de la caméra afin de ne pas la perturber: ce parcours ne peut se faire que depuis le Fleuve lui-même.

J’estime le nombre d’étapes à environ 70, dont une quarantaine en 2023.
Production
• Prises de vues pour films et base documentaire partagée
• Prises de son en hydrophonie
• Photographies et dessins de la partie émergée
• Prélèvements d’eaux
• Cartographie sonore, visuelle...

Parcours du Fleuve
Les sorties comprennent deux étapes: A l’aller, c’est le Fleuve qui est parcouru, avec caméra sur flotteur et prise de sons subaquatiques. Au retour, c’est la partie émergée qui est parcourue à pied, filmée et photographiée par endroits.


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Co-recherches au LEMAR avec la palourde et l'eau <

DIAGNOSTIC SENSIBLE* AVEC L'ANIMAL: révéler l'invisible et sa matérialité


Recherches visant à rendre visible ce qui est microscopique, puis à le relier au macroscopique.
• Concentration des molécules dangereuses (médicaments, pesticides, ...) jusqu’à former des efflorescences gélifiées
• Impacts sur la formation de la coquille
• Sclérochronologie et altérations temporelles
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Matières invisibles: plomb
Le plomb peut être trouvé aussi bien dans les palourdes de l’estuaire qui l’ingèrent en quantité, comme dans des prélèvements d’eaux sur le bassin versant. Le plomb prélevé à été précipité en sulfure de plomb, faissant apparaître des efflorescences.

Taille approximative 2 X 2 X 0,7 cm.

 
Liens entre son et forme


Exemple: l’eau qui résonne
L’eau porte les sons jusqu’au sein de la cellule.
Le son modulé en fréquences cohérentes permet de transmettre des informations spécifiques: il est ainsi utilisé en agriculture pour lutter contre les parasites (protéodies). Des thérapies fréquentielles se développent également en médecine.
En contrepoint aux prélèvements sonores subaquatiques réalisés dans le Fleuve et l’estuaire, et qui mettront en évidence une pollution sonore omniprésente, il s’agira de chercher les mélodies cohérentes aidant la palourde à guérir du Vibrio.

 

L’eau qui résonne: Processus détaillé
1 Haut-parleur aquatique diffusant les mélodies guérisseuses
2 Succession mélodique de fréquences sonores
3 Ampli
4 Le signal est numérique, il peut donc être transféré sur un autre support...
5 Comme une carte à puce
6 Le son émis par le haut-parleur se répand dans le volume de l’aquarium et fait vibrer l'eau
7 L’eau crée des ondulations cohérentes
8 Les cellules de la palourde réagissent à cette eau structurée

Partie inférieure de l'image: vues au microscope confocale, courtesy Christine Paillard

9 La nacre de la coquille est attaquée par le Vibrio tapetis. Elle forme l’anneau brun visible à l’oeil nu; une structuration chaotique de la nacre est visible au microscope. La palourde est malade
10 L’influence sonore aide la coquille à lutter contre le Vibrio, la nacre se répare
11 Palourde guérie



Recherches In Situ <


DIAGNOSTIC SENSIBLE* DANS LES SITES: état des lieux, influences proches et lointaines

Exemple de la rivière du Faou prospectée en juin 2024, voir compte-rendu des observations ici (en anglais)


Le concept de bio-région correspond à une réalité corporelle élargie



Diagnostic sensible <


Le diagnostic sensible se fait à partir de la marche sur le territoire, l'immersion dans le fleuve ou encore l'éprouvé (réel ou imaginaire) des espaces physiques et sensibles de l'animal.
Petit à petit les frontières mentales, l'illusion fondamentale de séparation entre nous et l'"environnement"se modifient.

Lors des premiers moments sur le terrain il est nécessaire de s'accorder un temps dans un lieu préservé autant que possible, où la nature "parle" encore: ce sera une bouée et un repaire lorsque plus tard nous serons immergés dans les divers états désastreux rencontrés.
Le déni environnemental et ses biais associés s'effondrent dans les lieux suivants. Cet effet douloureux sera contrebalancé par la capacitation à agir.

Le diagnostic sensible est un processus de revitalisation des sens du lien, de la relation au milieu.
Comment notre corps résonne-t-il avec tel ou tel espace, avec telle ou telle action humaine? Tout comme le sens de l'odorat se reconstruit en le stimulant, les sens du milieu (la symphonie des 5 sens plus la proprioception, la kinesthésie, le sens intuitif lié à l'écoute et d’autres sens) se retrouvent...en étant dans le milieu vivant.
Nous dépassons une vision occulocentrée bouclée à la pensée pour entrer dans une cénesthésie englobante.
Une écoute, une capacité à recevoir les signaux et "langages" variés du monde vivant et des écosystèmes rencontrés émerge petit à petit.
Cette écoute de l’extérieur s’amplifie en même temps que l’écoute intérieure s’oriente vers ce que l’on sent plutôt que ce que l’on sait, tout en étant honnête vis à vis de ce sentir.
Avec une pratique poussée, une « sentience-du-milieu » s’installe; de nombreux phénomènes naturels inexpliqués deviennent évidents (par exemple : la prescience des animaux face à un danger invisible, la collaboration entre les plantes, la cachette favorite d’un poisson, etc.) tout comme le sont les différentes couleurs ou les directions du vent. On entre- aperçoit une forme de réciprocité, où la vie et les "imaginaires" des un.e.s dépendent des autres, comme la vivent encore certains peuples premiers.

A suivre...

Recherche trans-formative <


A partir de mars 2024, participation à la "co-operative inquiry about Living Waters" (Schumacher College, Dartlington) rassemblant des universitaires (biologistes, anthropologues...) d'Australie, de Grande Bretagne et des Etats-Unis autour de la relation à l'eau et au vivant telle qu'elle est encore appréhendée par les peuples premiers. Ce travail collaboratif va me permettre d'appréhender l'expérience de la "response-ability" avec le vivant en général et la rivière en particulier.


Extrait de https://blogs.deakin.edu.au/becoming-family-with-place/

 





Extrait de cooperative inquiry, Living Waters. "Tuning with Forest River place, looking through presences", Anne Le Mée